SOPHIE DARTIGEAS - PHOTOGRAPHE

Deux mains, les artisans – travail en cours

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Ce travail en est encore à ses débuts, je me risque donc à vous le présenter tel qu’il est commencé.
L’idée est de travailler sur les gestes des artisans contemporains que je choisis de rencontrer : Céramiste, teinturière, fileuse, facteur d’instruments …
Dans notre monde surmoderne où la vitesse et la rentabilité semblent être devenus la norme, ces artisans et leurs pratiques m’interrogent… La question du temps est toute chamboulée… Combien faudra-t-il d’heures pour qu’un pull voie le jour, de la tonte du mouton, en passant par un filage à la main, une teinture artisanale et naturelle, avec des plantes issues de la cueillette, et enfin le tricot …
Quelle valeur attribuer à ce pull, dont le prix, si élevé soit-il ne paiera pas toutes les heures de ces artisans traditionnels dans ce monde de demain ?
Et pourtant, ils sont là … Faisant cohabiter la production industrielle, délocalisée, à bas prix, et le travail de pièces uniques, où chaque geste est le fruit d’un savoir faire acquis au fil des années, des siècles même de traditions transmises
J’imagine une forme de diptyque, avec les artisans dans leur atelier, et les gestes de leurs mains, dans la matière…

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Home anywhere

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Quelles qu’en soient les raisons souvent multiples, certains choisissent d’habiter partout, et nulle part à la fois. J’ai décidé d’explorer le monde des camions-maisons. Du petit fourgon au poids lourd, on y trouve ce qu’il faut pour dormir et manger, et des aménagements ou décos bricolés au fur et à mesure, reflétant ceux qui y vivent. Ces nouveaux nomades migrent au fil du travail ou du climat, et ont dès qu’ils s’arrêtent, le plus grand des jardins.

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Nature Humaine

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Il était une fois la chaleur du feu, le bruit de l’eau, la terre nourricière dans un monde où l’on vivait une vie simple, saine et locale…
Loin du rythme de la mégapole, dans les montagnes pyrénéennes, cévenoles ou ardéchoises, des hommes, familles et communautés, parfois nomades ont décidé de marcher légèrement sur cette terre. Par souci d’écologie, d’une part, et pour prendre le temps de vivre, d’autre part.
En renonçant au rendement, à la vitesse, au système mondialisé, ceux que j’ai rencontrés ont fait un choix de vie en cohérence avec la nature. Enfants de la terre, ils peuplent et repeuplent des espaces libres, restaurent des ruines, construisent des yourtes, bricolent des caravanes à vélo pour en faire leur nid. En y accueillant volontiers voyageurs et travailleurs bénévoles, ils invitent au partage et font découvrir à ceux qui le souhaitent un autre rapport au temps, à l’espace et à la nature. Ces modes de vie restituent à l’homme une place humble. Celui ci ne domine ni n’exploite la nature. Il vit avec, il en fait partie.
Tout en appartenant au monde occidental contemporain, les scènes de vies représentées résonnent de manière intemporelle et universelle. Elles semblent familières, nous rappelant la vie originelle probablement inscrite dans notre mémoire collective.

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Rituels [ Retrait D.A.B.]

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Tirages originaux de l’auteur sur baryté, formats 30×40 cm

Cette série est issue d’une réflexion sur la ville et ses pratiques.
J’ai pris la place d’une photographe « ethnologue urbain » et me suis penchée sur les habitudes du corps, le rapport que l’on entretient au temps et à l’espace dans la mégapole de la surmodernité (concept emprunté à Marc Augé).
Je réfléchissais donc sur le distributeur automatique de billets, sur les gestes que le corps connaît, devançant même les instructions, sur le rapport à l’automate, sur le coté virtuel de l’argent qui finit par se transformer en un billet, à peine moins virtuel d’ailleurs, permettant cependant de se procurer l’objet de notre désir ou d’assouvir la faim.
Et enfin cette question de la confidentialité, d’esquive des regards indiscrets pour se retrouver, notre tour venu, seul devant la machine qui nous fera un rapport détaillé de notre comportement sur une feuille à la fin du mois. J’y vois tout comme Serge Tisseron, une sorte de confessionnal moderne.

C’est au cours de ce travail que je découvris son texte :

« Prenons le cas d’un objet aussi répandu qu’un distributeur automatique de billets de banque. Du point de vue de l’usage, c’est une machine qui transforme l’argent virtuel de nos comptes en espèces sonnantes et trébuchantes. En tant que signes, le nombre et la couleur des distributeurs nous informent à la fois sur l’état de la compétition bancaire et les nouvelles images de l’argent. Mais, pour celui qui prend sa place dans une file d’attente et se penche vers le guichet en se cachant des regards indiscrets, le distributeur automatique est aussi une source de rêveries de culpabilité et de reconnaissance, de punition et de récompense. À travers les attitudes corporelles qui nous attachent à elle, cette machine est une sorte de confessionnal vers lequel nous nous inclinons pour consulter notre crédit auprès de notre banquier avec la même inquiétude que celle du catholique qui, jadis, s’enquerrait du sien auprès de Dieu. Elle est aussi une sorte de théâtre moderne. On s’y montre en consommateur parmi les autres en prenant sa place dans la file d’attente, on y tente sa chance en vérifiant si, par hasard, un virement anticipé n’aurait pas renfloué notre compte, et enfin on proteste contre l’indifférence de la machine à nos malheurs comme jadis on protestait contre l’indifférence de Dieu. Autour des distributeurs, se mettent ainsi en place des conduites magiques qui ne doivent rien à leur fonction réelle et tout à la mythologie religieuse qui y fait son nid par «techniques du corps (1)» interposées.
1. Selon l’expression de Marcel Mauss (Sociologie et Anthropologie, PUF, 1950) »

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Photoquai

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Carte blanche artistique : Regard photographique sur l’exposition PHOTOQUAI 2008 ( Musée du quai Branly)

Organisée par le musée du quai Branly (musée des arts «premiers»), Photoquai est
une exposition de photographies en exterieur, le long des quais de Seine à Paris. En
2008, pour cette première édition de la biennale des images du monde, le mot
d’ordre était : le monde regarde le monde …
Quelques étudiants dont je faisais partie ont eu la commande de travailler en photographie
sur cette exposition de photographie ! … Carte blanche…
Ce qui m’a d’abord frappé dans ce projet de photoquai, est l’occultation du regard
d’européens sur l’Europe. En effet, seuls les pays « non-occidentaux » sont invités à se
montrer en image, aux yeux des occidentaux.
Etant frappée de cette distinction opérée, je me suis questionnée…
«Le monde regarde le monde ? Et nous, les européens? où est-ce que nous nous
regardons nous même dans cette exposition, consacré au «reste» du monde?
En tant que photographe européenne, je tiens dans cette manifestation à présenter
une vision interne de (quelque chose de) notre culture.
Mes photographies auront pour sujet le contexte et les gens qui visiteront l’exposition
sur les quai. Des européens, ou occidentaux majoritairement, et si ils ne le sont pas
ou ne semblent pas l’être, cela aura un lien probable avec l’histoire de l’Europe (ou
de la France, ou du Monde…).»
En prenant appui sur le travail scénographique de l’exposition qui a été pensé
comme un parcours structuré mais décalé, où les images interagissent entre elles
ainsi qu’avec leur contexte ; j’ai réalisé des images «diptyques», grâce auxquelles je
propose une fenêtre sur Paris, d’où l’on peut entrevoir l’histoire, la poésie, les couleurs,
les habitants de la ville.
Les parties de ville et les parties des photographies exposées, séparées l’une et l’autre
par une bande grise et parfois beige (marges et cimaises), sont mises en relation et
communiquent dans des interactions de sens et de forme.
Ces associations ne cherchent aucun effet de tromperie ou de message, elles présentent
simplement sous divers regards (comique, poétique…) le rapport des oeuvres
à leur contexte lors de cette exposition du monde à Paris.

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Grise Ville

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Tirages originaux de l’auteur sur baryté, formats 30×40 cm

Cette série est issue d’une réflexion sur la ville et ses pratiques.
J’ai pris la place d’une photographe « ethnologue urbain » et me suis penchée sur les habitudes du corps, le rapport que l’on entretient au temps et à l’espace dans la mégapole de la surmodernité (concept emprunté à Marc Augé).
Je réfléchissais donc sur le distributeur automatique de billets, sur les gestes que le corps connaît, devançant même les instructions, sur le rapport à l’automate, sur le coté virtuel de l’argent qui finit par se transformer en un billet, à peine moins virtuel d’ailleurs, permettant cependant de se procurer l’objet de notre désir ou d’assouvir la faim.
Et enfin cette question de la confidentialité, d’esquive des regards indiscrets pour se retrouver, notre tour venu, seul devant la machine qui nous fera un rapport détaillé de notre comportement sur une feuille à la fin du mois. J’y vois tout comme Serge Tisseron, une sorte de confessionnal moderne.

C’est au cours de ce travail que je découvris son texte :

« Prenons le cas d’un objet aussi répandu qu’un distributeur automatique de billets de banque. Du point de vue de l’usage, c’est une machine qui transforme l’argent virtuel de nos comptes en espèces sonnantes et trébuchantes. En tant que signes, le nombre et la couleur des distributeurs nous informent à la fois sur l’état de la compétition bancaire et les nouvelles images de l’argent. Mais, pour celui qui prend sa place dans une file d’attente et se penche vers le guichet en se cachant des regards indiscrets, le distributeur automatique est aussi une source de rêveries de culpabilité et de reconnaissance, de punition et de récompense. À travers les attitudes corporelles qui nous attachent à elle, cette machine est une sorte de confessionnal vers lequel nous nous inclinons pour consulter notre crédit auprès de notre banquier avec la même inquiétude que celle du catholique qui, jadis, s’enquerrait du sien auprès de Dieu. Elle est aussi une sorte de théâtre moderne. On s’y montre en consommateur parmi les autres en prenant sa place dans la file d’attente, on y tente sa chance en vérifiant si, par hasard, un virement anticipé n’aurait pas renfloué notre compte, et enfin on proteste contre l’indifférence de la machine à nos malheurs comme jadis on protestait contre l’indifférence de Dieu. Autour des distributeurs, se mettent ainsi en place des conduites magiques qui ne doivent rien à leur fonction réelle et tout à la mythologie religieuse qui y fait son nid par «techniques du corps (1)» interposées.
1. Selon l’expression de Marcel Mauss (Sociologie et Anthropologie, PUF, 1950) »

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Grand’ Rue

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Cette série se veut témoigner par l’image de la vie qui s’est recréée dans les centre commerciaux de banlieue.
Les petits commerces de proximité ont fermé leurs portes, les rues et avenues de banlieues se sont peu à peu transformées, se prêtant moins à la flânerie. Quelques fast-food ont remplacé l’épicier, le photographe et le boucher… Des places de parking ont fait disparaître les bancs publics… Les amoureux se donnent désormais RDV à Rosny 2. On y sort en famille le week-end, on y boit un coup entre amis en sortant d’ «UGC».
Comme dans de nombreux espaces publics urbains, règne une atmosphère visuelle chargée et prenante, emplie de pictogrammes, de chiffres, d’enseignes, d’identités visuelles… L’univers sonore (les jingles des magasins, annonces promotionnelles, le brouhaha ambiant) participe également à produire ce côté grouillant et saturé que j’ai aussi essayé de traduire visuellement dans ces images.

 

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Mémoire(s) d’un quartier

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Ce projet à vu le jour suite à une commande du centre social du quartier Balzac a un collectif de photographes

Une restructuration urbaine décidée par l’ANRU nécessite la démolition de plusieurs barres d’immeubles de cette cité.
Nombre d’habitants y sont nés et parfois même leurs enfants. En plus de couvrir l’évènement marquant de la démolition, nous avons étés invités à travailler sur la mémoire de ce quartier.

Mon parti à été de recueillir des souvenirs déjà anciens d’habitants, et de faire référence à ces témoignages par le biais d’une image d’aujourd’hui de ce dont il me parlaient. Le travail se présente sous forme de dyptiques : Le portrait de la personne et la photo contemporaine du lieu de son souvenir, accompagnés d’une bande son dans la pièce des témoignages empreints de nostalgie.

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Mémoire d’étude

Les peintres de la societé urbaine – Versions photographiques de la ville contemporaine

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Passionnée par les interrogations et les représentations qu’engendre la ville contemporaine, j’ai choisi d’écrire un mémoire qui esquisse un panorama de la photographie contemporaine sur la société urbaine et sur les questionnements qu’elle pose aux hommes.
Gardant à l’esprit le lien privilégié qu’entretiennent la ville et la photographie depuis l’invention du medium, le propos du mémoire se situe dans un va et vient permanent entre la ville et l’image. Par beaucoup d’aspects, la pratique photographique «documentaire» au sens large, (entendons «du réel») semble s’apparenter aux problématiques ethnologiques, et y compris dans la vocation d’un «portrait de culture» d’une époque. Les images évoquées tout au long du mémoire ne sont certes pas de «simples enregistrements du réel», et on ne peut pas percevoir la photographie comme document pur, mais elles ont bien en elles ce qui, dans le réel, a arrêté le photographe observateur, ce qui l’a point. Et cela reste valable dans le cas de photographies plus construites, issues d’une reformulation de cet état.
À l’instar de la démarche du photographe (qui confronte ses idées et opinions au réel de la «matière » et de la ville), je me suis aussi demandée : « De quoi tout cela se compose t’il ? ».
« Cela » ne renvoyant pas uniquement à la ville mais aussi au champ de la photographie qui l’explore.
J’ai pu confronter des idées ou notions (issues d’expériences quotidiennes et de textes littéraires et ethno-sociologiques) à l’image qu’en proposent les photographies.
De même que le bouleversement marquant la modernité (à la charnière du XIXème et du XXème siècle), celui marquant la surmodernité à l’heure du passage à l’an 2000 s’est avéré passionnant à décrire. Littéraires, sociologues, artistes et photographes se trouvant sensibles au malaise et au caractère étrange et nouveau de ce que secrète la mégapole, en ont naturellement fait le sujet de leurs travaux.
Toutes ces notions nouvelles qu’il a fallu définir, et auxquelles il a fallu s’habituer ont trouvé écho dans des projets visuels, faisant des images, des oeuvres ayant une portée immédiate pour l’homme contemporain, concernant son rapport à l’espace, à l’autre, et à sa société.
C’est à travers ce découpage que j’ai observé l’approche des photographes sur leur société.
La première partie aborde, par des transcriptions visuelles, ce qui caractérise le « paysage » contemporain de la ville : son uniformisation et sa standardisation, ses limites et son expansion, la cohabitation des temps et la prépondérance des images, des codes et des « machines » technologiques.
La seconde partie se concentre sur les images mettant en exergue les rapports humains, l’image de l’autre et de l’altérité dans l’espace public du métro et de la rue. Il y est également question de la pratique et l’arpentage de la ville ; le trajet et la marche devenant pour certains photographes l’essence et l’outil même de leurs réalisations plastiques.
Enfin, la troisième partie s’attarde sur les pratiques sociales, les activités, usages et gestes dans la société urbaine (la société occidentale étant presque entièrement devenue société urbaine). Dans cette idée d’urbain diffus, je suis aussi «sortie» de la ville à travers des images empreintes de notions urbaines dans des espaces «naturels» éloignés du ventre de la mégapole.

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Démarche artistique

Le travail personnel de Sophie Dartigeas s’inscrit dans la pratique du documentaire d’auteur. Après plusieurs années de pratique photographique documentaire sur le thème de la ville et de ses enjeux, elle rédige un mémoire sur ce sujet, intitulé «Les peintres de la société urbaine». Celui-ci dresse un panorama de la photographie contemporaine sur la grande ville, et plus encore sur les notions et les questions ethnologiques et sociologiques que la société urbaine pose aux hommes. Depuis quelques années, son travail photographique l’a aussi menée, à l’inverse, vers ceux qui ont choisi, loin de la ville, « la simplicité volontaire » et la vie avec la nature. Les gens qu’elle cherche à rencontrer et à photographier sont dans des perspectives différentes mais sur une même démarche de qualité de vie, inscrite dans une vie plus locale et artisanale, proche de la nature et où le temps est moins compté. Bref, ce qui constitue le contre-pied de l’univers de la société urbaine.

Les photographies de l’artiste nous montrent dans les deux univers un monde et une société dans lesquels le réel apparaît avec sa trivialité. Il n’y a pas de volonté d’esthétiser, mais de transcrire la culture vernaculaire du monde de ceux qui sont photographiés. Sophie Dartigeas s’attache dans la plupart de ses travaux à dresser des portraits, aussi bien par le corps et la figuration que par le contexte ou les objets, ou encore de manière plus sociale ou idéologique. La question du territoire, à travers les paysages urbains, ruraux ou sauvages est aussi très présente. Et pour son prochain projet « Réminiscences », la photographe s’oriente vers la conjugaison de ses sujets de prédilection en inventant des images, mises en scènes décalées de traces de vie « universelle » en zones urbaines/périurbaines.

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Expositions – Editions

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